François

Pour le pape François, le Christ de Dali.

Sa devise épiscopale est:  « Choisi parce-que pardonné. »

Pardonné parce-que des flots de Miséricorde se déversent sur ceux d’en bas.

https://i0.wp.com/upload.wikimedia.org/wikipedia/en/8/8c/Christ_of_Saint_John_of_the_Cross.jpg

Ce que je vois.

En contemplant cette peinture, on pourrait croire à une supercherie d’un Christ représenté « pas comme d’habitude » d’une façon fantasque, originale, peu « orthodoxe ». Il n’en est rien.

En premier lieu, Dali peint un Christ sans faire apparaître les classiques symboles doloristes de la couronne d’épines et des clous. Il les supprime, après tout l’humanité est bien assez souffrante comme cela, inutile d’en rajouter.

En deuxième lieu, Dali ne montre pas le Christ uniquement dans un plan à deux dimensions ou seules les largeurs et longueurs seraient visibles, bien qu’il soit peint sur une surface plane, mais il le fait ressortir dans l’espace à trois dimensions ou peut-être quatre, qui révèle la profondeur et fait apparaître l’aspect spatial de l’ensemble. De plus, tout en étant bien positionné dans un cadre rectangulaire fermé, figé, emprisonné par les quatre côtés rectilignes jointés, son Christ donne l’impression de sortir du cadre. De fait il sort du cadre. Il sort des cadres.

Ensuite, de par sa carrure et son envergure largement déployée, il impose et en impose tout en gardant la tête inclinée vers le sol dans une posture d’humilité extrême, ne laissant pas découvrir son visage. En réalité, il s’impose en tant que don suprême en vue de la Rédemption du genre humain. C’est le paradoxe de la  royauté d’un Christ cosmique, « supérieur », supérieur visuellement dessiné dans le haut du tableau, supérieur humainement, c’est-à-dire capable d’une abnégation pouvant aller jusqu’à l’anéantissement pour le rachat des péchés du monde,  par la force de la Miséricorde Divine reçue et répandue gratuitement. Il se présente en regard de la croix de laquelle il est détaché. Libéré des contingences matérielles, le bois de la croix, il est devenu  Saint des saints, « supérieur », divinisé par la volonté du Père que l’on devine omniprésent.  Royauté  hors cadre, hors du monde, hors du temps, hors tout.  Ce Christ-là couvre les offenses en répandant « par-dessus »  l’Amour Divin qui lui vient d’En-Haut,  lumière éternelle ineffable qui revêt ses bras et ses épaules et coule de son corps jusque sur et dans les corps de l’humanité d’en bas, pécheurs pardonnés repentants convertis,  invités à devenir pêcheurs d’hommes. Cependant elle irradie sans excès, presque discrètement au milieu de l’obscurité,  car la fragilité de nos sens ne pourrait pas supporter la brillance de son éclat ni la brûlure de sa chaleur ardente. Dieu, par l’entremise de son Fils Jésus, se penche vers sa créature et la dépasse infiniment sans l’écraser. Il la couvre de son ombre.

Il n’est donc nullement question de religiosité, terme péjoratif, s’il en est,  dans ce tableau extraordinaire, ni d’un vague décorum illustrant l’idée d’une religion  lointaine d’un temps révolu, ou encore un sentiment religieux diffus et superficiel s’exprimant picturalement, mais il est bel et bien montré pour ne pas dire démontré par une représentation graphique, plastique visuelle, une vision extatique émanant d’un dessin original de Saint Jean de la Croix, grand mystique espagnol, grand croyant adhérant de toutes ses maigres forces à la foi catholique

Autrement dit, pour être plus concise :

Ce Christ-là, c’est la représentation de la supériorité de l’homme devenu Dieu par la puissance de la grâce, pour les siècles des siècles, vu par le saint espagnol lors d’une extase et retranscrite sur la toile 400 ans plus tard.

Un Christ peint en surplomb pour remettre d’aplomb sans être plombant. Sans entrave, on peut imaginer qu’il vole. Il n’y a rien d’autre à faire que d’accueillir la grâce et  de la laisser infuser puis diffuser.

Fabuleux, non ?

Mais Dali était-il «  du ciel » selon son expression ? Je me garderai bien de répondre à cette interrogation, car, seul, Dieu voit dans les cœurs. Les apparences nous trompent.

Même les représentations ?

« Le ciel voilà ce que mon âme  éprise d’absolu a cherché tout au long d’une vie qui a pu paraître à certains confuse et, pour tout dire parfumée au soufre du démon. Le ciel ! Malheur à celui qui ne comprendra pas cela (….) Le ciel ne se trouve ni en haut, ni en bas, ni à droite, ni à gauche. Le ciel est exactement au centre de la poitrine de l’homme qui a la Foi. A cette heure je n’ai pas encore la Foi et je crains de mourir sans ciel. » Salvador DALI

Saint Joseph, veille….

peinture de Dali sur le net _______

2 Responses to François

  1. Mi♭ says:

    Bonté, tendresse, protection, respect, humilité, simplicité, C’est le message de François en ce jour de la St José ! Une parole d’avenir et à venir pour et par chacun, croyant ou pas !

    • blogfadiese says:

      GARDER , prendre soin, est un mot qu’il a beaucoup utilisé également.
      Se garder de la destruction, se garder soi-même du mal, cela paraît évident et pourtant ça ne l’est pas. On retient tout cela.

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